Ressources Psychologiques

Université Paris-Sud (Orsay)  Division Staps 

 « Licence entraînement »

Enseignant :Yannick STEPHAN

Sommaire

 

 

 

INTRODUCTION

 

 

 

P3

 

 

 

 

 

 

I°) L'IMAGERIE MENTALE ET LE RUGBY

 

 

P4

 

1) définitions dans un contexte rugbystique

 

P4

 

2) qualité de l'image

 

 

P4

 

3) contrôle de l'image

 

 

P4

 

4) comment ça marche 

 

 

P4

 

5) utilisation

 

 

P5

 

 

 

 

 

 

II°) EVALUATION (avec le cas de BXXX)

 

P5

 

1) qu'est ce que j'évalue ?

 

P5

 

2) résultat des Tests

 

 

P5

 

3) paramètres

 

 

P6

 

 

a) où et quand ?

 

 

 

 

b) pourquoi ?

 

 

 

 

c) quoi ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III°) DEVELOPPEMENT: comment allons-nous agir ?

 

P6

 

1) planning et objectifs

 

 

P6

 

2) exercices sur la précision de l'image

P7

 

3) exercices sur le contrôle de l'image

 

P7

 

 

 

 

 

 

IV°) CONCLUSION

 

 

 

P8

 

 

 

 

 

 

ANNEXES

 

 

 

 

P9

BIBLIOGRAPHIE

 

 

 

P10

 

 

Introduction

Le rugby, sport professionnel depuis peu, s'intéresse aux ressources psychologiques dans le but de maîtriser les émotions et d'améliorer les performances. Le rugby est l’association du physique, de la technique et du mental. Bien sûr, pour l'instant seul le haut niveau développe les ressources mentales. Cependant, les éducateurs, entraîneurs et joueurs peuvent y trouver un autre type d'entraînement ou un complément de préparation pour la formation des joueurs, des débutants aux spécialistes. 

En fait, les ressources psychologiques sont des habiletés mentales qui régulent les pensées, les comportements et les émotions selon 5 habiletés de bases (cours ressources psychologiques STAPS Mr. Stephan):

              - compétence à s'évaluer

              - compétence à se motiver

              - compétence à se concentrer

              - compétence à créer des images mentales

              - compétence à s'activer, relancer.

 

Nous nous intéresserons ici à la création d'image mentale. En effet, les sportifs ont de plus en plus souvent recours à l'imagerie mentale. C'est une méthode de préparation et d'apprentissage avec plusieurs facettes, dont l'utilisation varie selon les buts recherchés. 

 

Dans un premier temps, nous ferons un rappel de la définition de l'imagerie mentale et de son fonctionnement. Ensuite, nous tenterons de l'évaluer puis de savoir comment nous allons la développer sur la pratique du rugby. 

Pour se faire, nous nous appuierons sur mon expérience personnelle. En effet, je coache depuis le début de l'année un rugbyman, "BXXX" de formation Versaillaise et joueur en Cadet A à Massy, puis Reichel au Racing Club de France. Nous travaillons sur l'imagerie mentale notamment pour l'apprentissage du tir au but ou Botter.

 

 

I°) L'IMAGERIE MENTALE ET LE RUGBY

Cette méthode d'entraînement et de préparation mentale était réservée à certaines disciplines (golf, ski, sports de vitesse et de précision).

Aujourd'hui, elle intervient dans d'autres programmes de préparation mentale ou d'apprentissage de la technique individuelle. C'est une façon de répéter sa stratégie, sa tactique et sa technique (notamment chez les jeunes). De plus, elle permet de gérer le stress, d'acquérir une meilleur concentration, d'améliorer sa confiance en soi avant et pendant un match ou à l'entraînement. De la même manière, après un match elle permet une analyse plus réaliste de la performance. Puis, elle peut aussi faciliter un meilleur retour à la compétition après une blessure. Enfin, elle peut avoir des effets relaxants en pensant à des images positives, calme... L'imagerie mentale a pour but de maîtriser les émotions et d'améliorer la performance. Donc elle s'adapte bien à la pratique du rugby comme complément d'entraînement.

1°) Définitions dans un contexte rugbystique.

Créer ou produire une image dans son esprit à partir de tous ses sens. 

Le joueur s'imagine réaliser un mouvement (placage, passe, essai…) sans que celui-ci soit réellement exécuté. Il le visualise dans sa tête (imagerie visuelle: c'est comme s'il regardait un film dont il est l'acteur) ou il le ressent en touchant la balle, en mettant ses bras en mouvement pour une passe (imagerie kinesthésique).

Par conséquent tous les sens peuvent être stimulés pour la création d'une image (kinesthésique, ouïe, odorat, vue et dialogue intérieur) la plus réaliste possible. 

2°) Qualité de l'image 

La qualité de l'image créée est nécessaire pour que l'imagerie puisse agir avec un bon rendement. Les différents degrés de précision et de contrôle et rétrocontrôle de l'image, définissent la qualité. Dans un premier temps, il semble important de détailler la scène. Ici nous nous appuyons sur le terrain, l'odeur de la pelouse, le public, l'atmosphère du lieu, les vestiaires… Puis dans un second temps, il est préférable de prendre en considération ses émotions comme l'anxiété, la motivation de gagner, la peur du combat…

L'imagerie est performante lorsqu'elle est complétée par d'autres moyens comme la parole (message de soutien, le rugby est un sport collectif), des actions motrices (mimer des crochets, des feintes de passes…), des sons (instructions de l'arbitre, l'impact au placage ou en mêlée, le bruit de la frappe pour un butteur, les bandas dans le public…) ou la relaxation qui augmente le nombre d'images. Tout cela dans un souci de reproduire une expérience la plus proche possible de la réalité et ainsi multiplier ses capacités lorsque le coup de sifflet de début de match se déclenche. 

 

3°) Contrôle de l'image.

 

Être capable de manier les images pour en faire des expériences positives demande de l'entraînement. Il ne faut pas tomber dans une vision négative pour ne pas commettre les mêmes erreurs. Au contraire, il faut essayer de se voir réaliser ce que nous avons réellement envie d'accomplir sur le terrain, s'approcher du geste ou de la performance idéale. 

 

4°) Comment çà marche ?

 

De quelle manière nous nous imaginons en train de pratiquer un geste coordonné puis permettre le bon fonctionnement au moment venu de sa réalisation? L'approche neuromusculaire suppose que le fait de s'imaginer réaliser un mouvement provoque une réaction comme celle d'un véritable mouvement. Il suffit donc de programmer son système nerveux en l'entraînant aux tâches auxquelles il devra réagir. En outre, la théorie de l'apprentissage soutient que l'imagerie aide les sportifs à comprendre leurs mouvements en s'acclimatant avec les tâches nécessaire pour la réaliser, notamment les tâches cognitives d'analyse du jeu, de perception de l'espace, des distances ou encore de la vitesse. Elle permettrait ainsi d'absorber certains éléments de réflexion, préparant la prise de décision le moment venu. Enfin nous suggérons pareillement que l'imagerie sert la performance en optimisant certaines aptitudes psychologiques du joueur comme la concentration, la gestion de l'anxiété, l'ajustement du niveau d'activation et de confiance en soi.

C'est surtout les tâches cognitives (choix stratégique: combinaisons) qui font appel aux ressources mentales plus que les tâches motrices. Un ouvreur qui doit décider de la suite à donner à l'offensive ou un arrière qui s'embarque dans une relance, doivent faire preuve d'une grande capacité d'analyse en très peu de temps, pour évaluer le placement de la défense et des partenaires, la vitesse des mouvements et faire un choix de jeu pertinent. La réalisation de ce choix de jeu exige en revanche des habiletés avant tout motrices, ce que nous nommons la technique individuelle (passe dans le bon timing, crochet coup pied accélération). Cette précision est importante lorsqu'on s'intéresse à l'imagerie mentale car celle-ci a surtout prouvé son efficacité pour améliorer les performances dans des tâches prioritairement cognitives, demandant stratégie et planification, bien qu'elle soit parallèlement employée comme support pour l'apprentissage de tâches motrices (pratique mentale).

 

5°) Utilisation

 

L'imagerie peut s'utiliser avant et après l'entraînement ou match. Les séances doivent être brèves (10') pour ne pas que la concentration se détériore. Avant l'activité physique l'imagerie servira à répéter ses habiletés techniques ou sa stratégie de jeu (entraînement), à anticiper ses émotions et favoriser sa concentration (match). Chaque rugbyman qui a recours à l'imagerie mentale avant la compétition possède ses moments de prédilection, que ce soit dans les vestiaires juste avant d’entrée sur le terrain ou la veille du match. Enfin, après le match l'imagerie sera utile à la relaxation, ou pourra servir à revenir sur les erreurs commises pour faciliter leur compréhension et éviter qu'elles soient reproduites. 

 

 

II°) EVALUATION Avec le cas de BXXX

 

1°) Qu'est ce que j'évalue ?

 

La qualité de l'image créée est primordiale pour que l'imagerie puisse agir efficacement. Il est donc important de commencer par évaluer le niveau d'aptitude des joueurs à l'imagerie mentale, c'est-à-dire leur capacité d'imagination, ainsi que leur sens de prédilection.

Nous utiliserons donc comme test le questionnaire d'imagerie sportive (Martens, 1982), dans le but d'optimiser la précision de l'image créée. (Test que nous avons vu en cours des ressources psychologiques avec Monsieur Stephan). La plupart des questionnaires tentent de distinguer l'utilisation de tous les sens (vues…) pour savoir quel est le plus sensible à l'imagerie

 

2°) Résultat du test

 

 Avec BXXX, il va falloir travailler particulièrement sur la dimension visuelle et humeur, pour obtenir des images plus proches de la réalité. Et renforcer les autres (auditif, kinesthésique). 

 

3°) Paramètres

 

Chacun utilisera donc l'imagerie en fonction de ses capacités et de ses besoins, qu'il faudra évaluer pour proposer la technique idoine. Pour cela, il existe quelques paramètres qu'il faut prendre en compte avant d'utiliser l'imagerie. Il y en a trois et ils permettront d'orienter les séances en fonction des besoins et des capacités du joueur, ici, BXXX. 

 

 a) Où et quand ? 

 

Dans quelles situations l'imagerie sera-t-elle utilisée ? Avant la compétition (répétition mentale) ou après (visualisation), en période d'entraînement pour faciliter l'apprentissage des gestes techniques (pratique mentale).

 

Et bien dans le cas de BXXX, il faudra tout utiliser: l'imagerie sera utilisée dans le cas du botteur en période d'entraînement pour faciliter l'apprentissage, puis pendant la compétition mais avant de botter pour se voir marquer et enfin après avoir tirer pour apporter d'éventuelle correction à la prochaine transformation.

 

 b) pourquoi ?

 

L'imagerie, dans ce cas, va être utilisée pour faciliter la motivation avec des images de réussite du tir et par là même contrôler les émotions qui peuvent être traduit par la peur de l'échec, le bruit extérieur du public…pendant le tir. 

 

 C) quoi ?

 

Quels seront le contenu et la qualité des images développées ? Quels sens seront les plus sollicités ? 

 

Tous les sens seront évidemment sollicités mais particulièrement le coté visuel et kinesthésique. Grâce aux sens, nous devrons tendre vers des images d'un film donc proche de la réalité et avec une décomposition du tir en se voyant faire ces actions :

 

 - positionner le tee sur la pelouse (sèche, boueux…)

 - positionner le ballon

 - visualiser la cible

 - prendre ses pas d'élan avec les bons appuis

 - sa course

 - sa frappe avec la balle

 - continuité du geste après la frappe

 - regarder le ballon partir vers la cible

 - et la réussite (image positive)

 

 

III°) DÉVELOPPEMENT : comment allons-nous agir ?

 

1°) Planning et objectifs

 

Il faut commencer par des exercices de bases puisque Brice n'a jamais travaillé ce type d'entraînement mental. De plus, il faut aussi planifier celui-ci dans l'entraînement et pas plus de 10'-15' par séance (La première étant la séance d'évaluation). 

 

Nous nous voyons deux fois par semaine. 

Lundi: physique ou récupération, travail des gestes techniques diverses et travail sur l'imagerie (durée 2 h)

Mercredi: travail sur les pénalités ou drop et donc l'imagerie.

 

2°) Exercices sur la précision de l'image (exercice pratiqué avec BXXX)

 

 - En premier, nous pratiquons un exercice facile. Nous nous remémorons, en fin de journée, ce que nous avons mangé le midi. Ensuite, il faut exprimer le lieu, les plats, les odeurs, les conversations, en fait l'ambiance du repas. Exercice à pratiquer tous les jours (5').

 

 - En second, il faut imaginer un endroit familier (notre chambre, salon…), regarder ensuite autour de vous et observer tous les détails, exprimer les objets, leur forme, leur couleur, en cherchant l'image la plus nette possible. Mettez en action tous vos sens pour reconnaître les odeurs, les sons, le froid ou le chaud…la encore il faut reconstituer l'ambiance.

 

 C'est deux exercices se pratiquent pendant la première semaine du cycle. Dès la deuxième semaine, il faut commencer avec des pratiques plus spécifiques au rugby. Cela permet de mieux cibler ses sensations par rapport à la pratique. 

 

 - Imaginez-vous en train de réaliser une transformation de façon exemplaire. Ressassez-la et représentez les sensations des muscles lors de la pratique. Il faut sentir toutes les sensations du moment où nous posons le tee sur la pelouse au moment de la réussite où le ballon passe les barres. 

Il faut multiplier ce geste dans sa tête pour perfectionner les sensations. C'est un exercice qu'il faut absolument faire avant chaque tir au but. 

 

 - Enfin, imaginez-vous en train de pratiquer un très bon match, en faisant appel à une expérience récente ou en énumérant une performance de référence. Revoyez-vous jouer et centrez votre concentration sur les sons qui se dégagent du terrain (public, chants, bandas, bruits des chocs, paroles) et sur le dialogue intérieur. Cela amène à des questions : pensez à la tension nerveuse et à l’excitation que procure cette situation ? Que dite vous à ce moment là ? Votre corps est il relâché ? Sentez-vous fort ? Identifiez cela par rapport à une bonne performance.

 

3°) Exercices sur le contrôle de l'image

 

- BXXX doit revenir sur une transformation qui lui a posé un problème (mauvais angle, ballon mal orienté, épaules tendues…) ou raté. Il doit la répéter en récréant la situation d’échec et analyser les gestes incorrects. Ensuite il doit imaginer le geste parfait et se concentrer sur les sensations de son corps. 

 

- Il doit se souvenir des situations désagréables où il a perdu ses moyens (transformation ratée à la dernière minute qui aurait pu donner la victoire à son équipe). Dès lors, il doit reproduire cette situation et percevoir les sentiments (perte de confiance, colère, stress). Enfin il doit imaginer maîtriser ces émotions pour surmonter la situation et réussir parfaitement. 

 

 

IV°) CONCLUSION

En plus de l’entraînement technique, l’entraînement psychologique sur l’imagerie a aidé BXXX à avoir un meilleur rendement sur les coups de pied.

En effet, sur les transformations, il obtient sur les séances du mois d’avril un 100% en face des poteaux jusqu’au 40m. Au-delà de cette distance il tape avec une bonne trajectoire du ballon mais il manque de force pour le moment. 

Enfin,  il loupe un ballon sur quatre dans les angles des 22m au 40m à l’entrainement. Pour finir, il monte jusqu’à 90% de réussite en match. 

Sinon, dans le jeu courant il est à un essai par match en numéro 15, il a une meilleur compréhension du jeu en se permettant des initiatives.

Il semblerait aussi mieux se préparer dans sa tête avant un match (pré-questionnement de ma part)

En outre ses tests du début et après les séances d’entraînement montrent une progression de l’aspect psychologique. 

Dans ce cas, l’entrainement à l’imagerie démontre l’efficacité d’orienter et compléter les entraînements « classique ».

Nous évaluons l’individu sur ses caractéristiques brut (sens…) puis nous planifions un entraînement selon différents paramètres. Ensuite nous procédons au développement par divers exercices.

L’imagerie mentale devient un facteur d'entraînement important au rugby puisqu'il fonctionne mais malheureusement il n’est pas encore assez répandu au bord des terrains surtout pour les jeunes et le niveau amateur. 

Néanmoins, avec BXXX nous n’avons pas encore développé l’aspect relaxation que l’imagerie peut amener. Phase qui reste importante lors d’une transformation. 

 

Bibliographie

Christine LE SCANFF et JP FAMOSE ; la gestion du stress entraînement et compétition. DOSSIER EPS

F.C.BAKKER /H.T.A. WHITING/H.VAN DER BRUG; Psychologie et pratiques sportives. EDITION VIGOT

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :