"Diversité de la préparation Physique au rugby chez les jeunes amateurs et de haut niveau"partie IV

ANALYSE, REFERENCE ET PRISE DE POSITION SUR LE PROBLEME CHOISI

  1. ANALYSE ET REFLEXIONS

-1- LES EXIGENCES DU JEU

Après ma formation de joueur, j’ai d’abord été formé « rugbystiquement » par la formation fédérale et ensuite par la faculté. Voici donc ma synthèse des exigences du jeu.

                       

                                               

 

                                                                           

-2- LES QUALITES PHYSIQUES DES AVANTS

Aujourd’hui et au plus haut niveau (article midi olympique du 25 septembre 2006), « les joueurs du pack ont une morphologie hors norme, dépassant largement les dimensions moyennes de la population française. Ils ont un rapport taille poids qui témoigne un niveau de densité physique maximal. Par ailleurs, pour les avants, l’endurance est une qualité essentielle. Elle permet la continuité et la répétition des nombreux exercices très intenses que ceux –ci doivent exécuter en match. Il est donc question d’endurance de force, d’endurance de vitesse, d’endurance de puissance et pas d’endurance aérobie. Enfin, si l’endurance est essentielle, la force maximale, de même que la puissance maximale déterminent la qualité de l’impact lors des phases de lutte ». « Plusieurs études montrent que le travail de la puissance aérobie, réalisé avant la puberté, potentialise son développement futur ». 

Pour mes jeunes de Versailles, le travail de la puissance aérobie semble trop tard puisqu’il faut la travailler pour l’optimiser avant la puberté. Cependant la puissance aérobie est garante d’une meilleure récupération et améliore la capacité à reproduire les exercices intenses. Si le rugby évolue dans cette voie, nous aurons des joueurs de plus en plus endurant et capable de produire des efforts maximaux le plus fréquemment possibles. Nous admettrons donc pour nos jeunes Versaillais que la travailler reste une nécessite. Mais pas sous une forme brut, plutôt sous forme de jeux et de pratiques sportives qui permettent de développer cette puissance aérobie.

-3- LES QUALITES PHYSIQUES DES TROIS-QUARTS

(Article du 9 octobre 2006 midi olympique) « Les trois-quarts d’aujourd’hui sont des joueurs au physique généralement bien proportionné. Parmi les facteurs de performance à ces postes, ce sont principalement la vitesse, la puissance et l’adresse qui dominent. Le résultat de l’évaluation des qualités de vitesse de course sur 30 à 40m et de puissance musculaire à partir du test de Sargent, montre que les internationaux français n’ont rien à envier à leurs homologues de l’hémisphère sud. »

La vitesse, l’agilité et la vivacité : des mains, des pieds, des actions sont des qualités dont nous héritons génétiquement selon les individus. Cependant, chacun d’entre nous peut entraîner ces qualités de façon à atteindre un meilleur potentiel. Et pour cela il faut les travailler jeune. Comme par exemple : 

- la vitesse de perception (analyse du jeu)

- la vitesse d’anticipation 

- vitesse de décision

- vitesse de réaction

- vitesse de mouvement avec ou sans ballon

- vitesse d’intervention.

Ceux-ci sont des facteurs important pour l’évolution des générations du rugby comme à Versailles.

 

-4- LA PREPARATION DU TALONNEUR

Nous pourrions résumer le talonneur comme lourd, souple et rapide ! Il doit réaliser des exercices techniques spécifiques (talonnage et lancer nécessitant une bonne coordination) et des exercices d’effort maximaux réalisés en apnée pour verrouiller les articulations à l’impact. De mon point de vue, il doit donc être endurant, puissant en force et coordonner avec ses appuis.

Dans un premier temps, ma priorité pour la formation des jeunes à ce poste est le gainage afin de préparer le corps à l’impact ou pour la mêlée. Cependant, les jeunes qui accèdent à ce poste présentent déjà des qualités. Néanmoins si je renforce le muscle sans garder la souplesse, je risque de perdre en mobilité pour le lancer et le talonnage. Il conviendra alors de faire des apprentissages de mouvement explosif tout au long de l’année: J’utilise un medecine-ball ou des ballons de rugby lester pour tonifier le corps. 

Exercice : lancer le medecine-ball depuis le sol vers l’avant par extension explosive de tout le corps.

Enfin, un travail de coordination doit être aussi appliqué. En effet, plus le joueur est coordonné, plus il est adroit à condition que le segment bassin dos tête soit verrouillé. 

Donc cela peut être à base de circuit (poussé, sprint, placage, tirage …), sprint avec changement de direction, travail avec les échelles…

-5- LES PILIERS

La préparation physique ressemble au talonneur. En revanche le talonneur reste plus explosif et mobile dans le jeu. La poussée en mêlée par exemple diminue la mobilité. Encore une fois apprendre à placer son dos malgré que les mêlées ne soient pas pousser chez les jeunes, est primordial.  Tout comme le talonneur, je pense qu’il faut une athlétisation générale et du travail spécifique qui cible le renforcement musculaire lombaire, dorsal et cervical et surtout une prise de conscience du placement du dos. 

 

Exercice : pour apprendre à placer son dos se mettre à  4 pattes au sol creuser le dos, l’aplatir puis l’arrondir. Essayer de tenir 10’’ les positions.  En plus des exercices de gainage, des exercices de poussées en binôme avec déplacement doivent être appliqués. 

Lorsque le schéma corporel est maîtrisé par ces exercices, je pense que le jeune peut avoir accès à des exercices de musculation plus spécifiques, difficile à réaliser qui pourraient s’avérer dangereux sans ces pré-requis. (Le soulevé de terre, les dips…)

Enfin, les appuis sont importants pour la mêlée  ainsi que la coordination pour le jeu total. Des exercices comme le talonneur peuvent être proposés. 

-6- DEUXIEME LIGNE

D’après moi, les joueurs de ce poste doivent être léger (il faut faciliter leur soulèvement en touche) et puissant (mêlée, nettoyage dans les rucks…). Chez les jeunes, se sont bien souvent les joueurs qui ont grandit rapidement durant le pic de croissance. Malheureusement ils restent fragiles. Il est donc nécessaire de construire un dos solide et stable, de même que la ceinture scapulaire et pelvienne fortes. Et encore une fois cela passe par du gainage. De plus se  sont peut être les seuls joueurs qui peuvent accéder à un renforcement musculaire du dos avec de petites charges afin de ne pas les fragiliser d’avantage. Je propose alors un style de gainage amélioré : en position allonger, un ballon soit sous les pieds ou les mains. Ces positions introduisent la notion d’appui instable que les jeunes peuvent rencontrer lors des luttes aériennes avec le soutien du partenaire. En effet entre force du pilier et détente du basketteur, l’engagement musculaire du deuxième ligne se présente sous forme très varié. Il doit développer une force de « tracteur » afin d’assurer en mêlée, en touche une puissance pour exprimer le décollage et enfin une tonicité pour sa prise de balle. Je propose alors d’initier et notamment les cadets à l’épaulé jeté, le soulevé de terre, à la poulie sans charge (juste avec une barre). Enfin je pense qu’un travail de course et d’appui semble complémentaire pour ne pas bloquer la mobilité du jeune joueur. Des exercices communs aux piliers et troisièmes lignes peuvent être intéressant.

-7- LE TROISIEME LIGNE CENTRE

Le numéro 8 est un joueur qui est très mobile, physique, doit maitriser le plus grand nombre de techniques. Il doit lutter pour la conquête et la conservation du ballon. Et il doit aussi courir, être explosif en mêlée, être présent là où le jeu se transforme et capable de l’orienter selon la situation. Il trie l’information et prend des décisions. Cela nécessite beaucoup de lucidité, une bonne vision du jeu mais aussi beaucoup de physique : gainage, puissance, et un niveau bon niveau d’adresse. Les jeunes qui sont choisis au poste de numéro huit, présentent déjà des qualités affirmés. Soit parce qu’ils ont déjà pratiqué un autre poste, soit parce qu’ils ont acquis des compétences avec d’autres sports. Cependant il faut préparer le corps du jeune N°8 aux impacts, donc à son axe. Les exercices du talonneur, pilier et 2° ligne sont tout à fait indiqués pour ce poste. De plus, il conviendra et sur le même niveau de priorité de développer des qualités d’adresse et d’adaptation tactique ainsi que des appuis puissants et équilibrés. Exercice : circuit (sprint, poussé, plaquage/se relève, assis sprint puis gère un 2 contre 3 en défense par exemple en état de pré-fatigue. En outre, une tonification généralisée pour les jeunes peut être obtenue par manipulation de medecine-balls. De nombreux exercices précis, effectués avec des engins de poids adaptés, se présentent comme le complément idéal des exercices de musculation naturelle que sont les pompes au sol, les gainages variés et les bondissements… (Exemple du talonneur/lancer de medecine-ball et 2°lignes/gainage)

 

Enfin, l’entraînement doit proposer des actions de développement des qualités de démarrage, de déplacement rapide et d’adresse, en un dosage équilibré dans lequel la capacité d’endurance doit permettre la conservation de la clairvoyance tactique du joueur. Le jeune numéro huit doivent avoir une aisance moteur. Exercices : tout ce qui est travail de montées de genoux, talon fesse, pointe, échelle d’appui mais aussi des courses navettes ou avec changement de direction, travail de côte (puissance)…

-8- LES TROISIEME LIGNES AILES

Les 3° lignes ailes doivent être des athlètes complets, « des gladiateurs ». Ni trop forts ni trop lourds, un rapport poids/puissance favorable à une grande mobilité et à une bonne force de pénétrations, ce sont les joueurs qui assurent la continuité du jeu d’avants, comme celui des trois-quarts, en couvrant beaucoup d’espace pendant les matchs. Ces joueurs doivent être présents là où le jeu se transforme. J’analyse ce type d’effort par l’endurance de vitesse, de force et de puissance. 

Alors chez nos jeunes, il faut aussi du gainage mais surtout de l’endurance de force, puissance et vitesse. Exercice : travail de la PMA intégré : départ assis, course 3’’, jogging 5’’, course puis plaquage, pousse sprint…séquence de PMA (course/lutte fractionnée en 20/40’’)

En musculation, un apprentissage approfondi des techniques est important (pompes, traction à la main courante, abdominaux, bondissements, talon fesses, manipulation de balle lestée…)

-9- LE DEMI-MELEE

Le poste de numéro 9 demande de coordonner la prise d’information, le physique et la technique. Pour ce faire, il doit travailler en même temps la coordination, la vitesse (gestuelle et course), l’explosivité, la force et le travail technique (passes pied et main). De gabarit le plus léger généralement, il est celui qui parcours le plus de distance puisqu’il doit tout le temps suivre l’action. Cela demande vivacité, et le renforcement musculaire n’a pas pour but de le changer morphologiquement, mais plutôt lui permettre d’assurer les taches du jeu avec précision, technicité et lucidité. Enfin il est au rendez-vous le plus souvent sur les phases d’affrontement, blocage, la ou il y a de l’encombrement. Par conséquent il se trouve à enjamber, reculer, contourner, sauter dans un périmètre restreint. Ensuite il doit sortir la balle le plus rapidement possible  avant de subir la charge de l’adversaire. Donc des qualités d’endurance, une adaptabilité d’appuis et une explosivité au démarrage constituent les qualités de base à développer.

Je pense encore une fois que le gainage est primordial pour ce poste. Il aidera à la coordination et à la vivacité. De même, le renforcement de la musculature profonde s’impose chez les petits gabarits pour résister à l’affrontement. Et le couple de travail appuis-gainage, améliore la capacité d’esquive, du transfert du centre de gravité. Donc voici, ce que nous pouvons présenter comme exercice de gainage pour le demi-mêlée. : gainage en appui sur un plinth (WEINECK 1997). Enfin, il faut aussi développer des appuis adaptatifs aux jeunes. En effet, je pense que pour être à l’aise dans un espace encombré et avoir des gestes précis, il faut de bons appuis et les adaptés. Les exercices sur l’échelle ou latte au sol sont recommandés avec une manipulation de balle (lestée ou pas) pour complexifier la tâche motrice. 

-10- LE DEMI D’OUVERTURE

L’état des lieux du numéro 10 ressemble à celle du 9. En effet, il faut qu’il assure information, coordination et vitesse. Donc encore une fois il doit avoir force, explosivité et technique. Au niveau musculaire, il faut une grande vitesse gestuelle, de course et un physique pour résister aux impacts défensifs. De plus, appuis, déplacements et coordination sont un des axes majeurs de travail. 

Chez les jeunes numéros dix, je pense aussi que le gainage est aussi important que pour le n°9 pour une meilleur vitesse et coordination. En revanche, je pense que de rajouter l’apprentissage de la pliométrie (exemple sauter dans des cerceaux ou par-dessus des haies…) permet d’optimiser le développement de l’explosivité et du gainage dynamique qui permet une liberté du corps en déplacement. De plus, le travail de passe de medecine-ball ou ballon par rotation exagérée du tronc ou flexion du tronc permet une meilleure dissociation entre le buste et les jambes. 

Enfin, un travail d’appuis comme présenté au poste de numéro neuf sont, je pense, suffisants.

-11- LES CENTRES

Le poste de centre est celui qui a connu la plus forte augmentation de masse depuis longtemps qui est d’ailleurs le signe d’un changement du jeu au centre du terrain. Par conséquent, aussi un changement de préparation physique. Il défend de plus en plus. Pour ce faire, il faut des joueurs gainés, endurant dans leur puissance, avec des appuis solides, afin d’assumer de nombreuses phases de combat et de contournement. Les centres sont des créateurs de brèches, défenseurs, finisseurs ou lutteur. Ils sont complets comme un troisième ligne donc le renforcement musculaire est important. Ils combinent alors les qualités de trois-quarts et celle d’un troisième ligne avec des appuis puissants et équilibrés.

J’en déduis donc que pour les jeunes minimes ou cadets et en générale, il faut du gainage et des exercices de lutte (combat de coq, repousser hors d’un cercle, retourner sur le dos…). Ils permettent de conserver l’équilibre et la force.

De plus, un travail d’appuis comme présenté au poste de numéro neuf est, je pense, indispensable pour se réaliser dans ce poste.

-12- L’ARRIERE

L’arrière possède un gabarit non extraordinaire, mais il doit être performant sur les qualités de vitesse et d’adresse. La technique du numéro 15 exige une passe et un coup de pied des deux cotés, des courses aux allures et directions différentes lors de relance ou en ligne d’attaque. Enfin être psychologiquement fort pour aller au combat aérien sur les ballons de chandelles.

Encore ici, je pense que le gainage pour nos jeunes sert de base.  Mais il faut renforcer d’avantage à ce poste. Alors il faut initier au développement de la puissance de courses par l’apprentissage des bondissements spécifiques (fente, multi-bond, impulsion verticale…) sur 20 m puis sur plus long.

Enfin il faut travailler comme tous les autres postes la coordination et la vitesse (course, exécution). Et il doit essayer de passer facilement d’une tâche à une autre. Donc tous les exercices combinant un travail d’appui avec ou sans manipulation de ballon et un travail de sprint à vitesse maximale sont je croix recommander. Exemple : coordination sur latte ou échelle au sol à une tâche de sprint 100%.

-13-LES AILIERS

Comme l’arrière, ce joueur à besoin de développer des qualités de vitesse, d’appui et d’adresse. Mais ce n’est pas tout, dans son jeu des courses avec changement d’allure et de direction (cadrage-débordement) en puissance avec d’énormes appuis sur petit périmètre sont nécessaire. Nous pouvons en déduire de la puissance au démarrage, vitesse de déplacement, vivacité d’appuis, explosivité. 

Je croix que pou nos jeunes ailiers, il faut non seulement faire les exercices cités pour les arrières mais aussi intégrer des exercices physiques d’habileté (réception, passes et pied des 2 cotés). Exemple de parcours : sprint 5m, placage, jouer un deux contre un, petit coup de pied au-dessus d’un sac à plaquage…

-14- CONCLUSION

Nous parlons plus d’éducation physique pour préparer à la préparation physique spécifique au rugby chez les jeunes. Grâce à la préparation physique au poste chez les jeunes, nous préparons mieux les jeunes au futur. Et finalement les exercices des uns au poste (exemple des exercices de troisième ligne peut servir aux deuxièmes lignes ou les demis) peuvent servir aussi aux autres. 

Donc, la préparation physique au poste est adaptée aux jeunes mais elle ne suffit pas non plus. Il faut aussi une préparation commune à tous. Enfin, la préparation physique au poste demande beaucoup de mis en place et de temps, alors avec un ou deux entraînement par semaine c’est prendre du temps sur l’enseignement de la technique, tactique et la stratégie. 

Néanmoins, si la préparation physique au poste est difficile, nous pouvons envisager plutôt des groupes de travail (exemple : talon et pilier ensemble)

Par ailleurs, le gainage chez les jeunes est l’axe de travail. En effet le gainage, ainsi que le placement du dos et du bassin, sont les deux garants d’un corps capable de transmettre efficacement les forces qu’il subit ou qu’il crée.

Enfin, nous n’avons pas abordé les étirements mais il convient d’en faire avant, pendant et après une séance pour les éduquer, pour éviter les blessures et garder une souplesse pour les différents gestes.


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